Au cours de la dernière décennie, j’ai
parcouru une trentaine de pays pour réaliser des mandats de consultation et de formation en gestion de projet,
principalement en Afrique et en Asie. Ce qui me frappe à chaque fois :
là-bas, tout se négocie. Tout le temps.
Tu as un problème avec le douanier : tu
négocies. Tu achètes une œuvre d’art : tu négocies. Tu n’as rien fait de
mal et un policier t’arrête sans raison : tu dois négocier. J’ai même déjà
réussi à négocier la réouverture des portes d’un avion, ce qui serait
impensable ici. Loin de moi d’entrer dans un débat sur l’éthique, mais disons
que la négociation est au cœur de ma vie durant ces missions. Négocier devient
une obligation.
Au début, c’est déstabilisant. Au fil des
missions, ces situations m’ont souvent sorti de ma zone de confort, me forçant
à développer mes habiletés de négociateur.
Dans un marché d'artisanat à Niamey au Niger en 2016 |
Développer
une culture de la négociation
Au Québec, nous ne tombons pas dans la marmite
de la négociation en naissant comme dans certains pays. En fait, ce n’est pas
tout à fait vrai, je regarde mon fils de 4 ans, il négocie avec nous pour
tout et pour rien, à longueur de journée. Je crois que c’est en vieillissant
qu’on perd cette facilité à entrer en négociation. C’est incompréhensible que
le système d’éducation ne nous habilite pas davantage sur un sujet aussi crucial.
Oser
faire des demandes à l’autre partie
À d’innombrables reprises, des vendeurs me
demandaient des prix exorbitants pour leurs artisanats ou autres produits. Ils
sont en droit de demander ce qu’ils veulent. Un touriste pressé sera moins
enclin à faire baisser le prix, donc parfois le vendeur fait juste tester les
connaissances du client.
De mon côté, j’ai souvent répliqué avec des
offres agressives. En tant qu’acheteur, je peux offrir ce que je veux. Commence
ensuite le jeu de la négociation pour en arriver à une situation
gagnant-gagnant. Souvent, je finissais par quitter la négociation si je n’étais
pas satisfait. Puis, je revenais
quelques jours plus tard pour recommencer une nouvelle négociation. Les gens ne
s’en offusquent pas, c’est dans la culture. Il ne faut toutefois pas abandonner
au premier refus.
Quand je sens que j’approche de la limite inférieure
du vendeur, je le teste encore un peu : « Pour le prix convenu, que me donnez-vous de plus ? » À ma surprise,
il ajoute souvent un petit quelque chose. Pourquoi est-ce possible de faire ça
pour une statuette en bois au Cameroun, et qu’il en serait différent lors d’une
négociation immobilière au Québec ? Les raisons de ne pas faire de demandes
créatives aux vendeurs sont dans notre tête, bien souvent. Dans la mienne du
moins !
Dans la dernière année, j’ai commencé à
appliquer davantage ces apprentissages à l’immobilier.
Quelques
éléments négociés récemment
- Des garanties de loyer de près de 25 000 $ pour un local commercial et un logement résidentiel, les deux payables chez le notaire lors de l’achat ;
- Une remise en argent chez le notaire par le vendeur pour travaux devant être effectués, mais que le vendeur refusait de faire ;
- Une balance de prix de vente (BPV) avec des vendeurs, représentant 100 % de la mise de fonds pour l’achat de deux immeubles résidentiels ;
- Négocier avec la banque pour qu’elle accepte l’entièreté de la BPV précédente et qu’elle finance tout le reste ;
- La résiliation du bail d’un locataire par le vendeur avant l’acte d’achat.
- Une réduction de 50 % des frais d’ouverture de dossier d’une banque puisque « j’apportais » deux nouveaux immeubles chez elle.
Dans certains des exemples précédents, j’étais
convaincu d’obtenir un NON du vendeur ou de la banque. J’ai bien retenu la
leçon : ne pas dire NON à la place des autres et oser faire des demandes.
Ça ne fonctionne pas à tout coup, bien entendu.
Présenter
des choix aux vendeurs
Un petit truc en terminant, osez présenter des
choix aux vendeurs dans vos propositions d’achat. Les psychoéducateurs
recommandent d’ailleurs d’utiliser la même stratégie avec nos enfants : « chandail
bleu ou rouge ce matin ? » Il s’agit de les mettre devant un choix qui n’est
pas oui ou non.
Voici un exemple appliqué à une transaction sur
un immeuble semi-commercial l’an dernier.
Après le refus de notre première proposition d’achat
par le vendeur, nous sommes revenus à la charge une semaine plus tard. Au lieu
de lui présenter qu’une seule nouvelle proposition, nous avons présenté simultanément
deux propositions complètement différentes.
La première, à un prix près de celui désiré
par le vendeur, mais avec une importante balance de prix de vente, considérant
que deux locaux commerciaux étaient vacants. La deuxième proposition, à un prix
beaucoup plus bas et sans condition de financement bancaire, c’est-à-dire que
la transaction serait payée comptant.
Cette stratégie a ouvert la porte à une
négociation, qui s’est terminée à mi-chemin entre les deux propositions
présentées : un prix à notre satisfaction et une transaction payée
comptant, sans balance de prix de vente par le vendeur. Nous avons obtenu un
prix discompté et le vendeur pouvait passer à un autre dossier rapidement, sans
risque d’un refus de financement bancaire.
Osez faire des demandes à l’autre partie !
Steve Forget, PMP
Auteur du blogue Jeune investisseur immobilier
Formateur en gestion de projet depuis 15 ans
Bonjour Steve,
RépondreSupprimerJe ne suis pas certain de comprendre un point: "Des garanties de loyer de près de 25 000 $ pour un local commercial et un logement résidentiel, les deux payables chez le notaire lors de l’achat" ?
Le vendeur t'a remis un montant de 25k$ pour des loyers à venir? Tu lui as repayé les loyers au fur et à mesure des mois suivants la prise de possession?
Merci de ton aide et de tes précieux conseils depuis des années!
Nicolas
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