Trouver des deals avec votre bouche et vos pieds


 Il n’y en a pas de deal sur le marchĂ© ! Point. C’est ce qu’on entend souvent. Parfois mĂȘme de certains chroniqueurs Ă  la radio qui trouvent tous les immeubles trop chers.

Vous avez pris toutes les formations en immobilier sur le marchĂ© et vous ne trouvez toujours rien de bon Ă  acheter ? Au-delĂ  de la peur d’avoir peur, appliquez-vous vraiment ce que les vieux de la vieille vous apprennent ? J’en doute. Ce qu’ils nous disent ? De sortir de derriĂšre nos Ă©crans, d’aller se dĂ©velopper un rĂ©seau de contacts, de prospecter en personne. Facile Ă  dire dans une formation, pas aussi facile Ă  appliquer.

Revenir Ă  la base de la prospection

Il n’y a pas de grand secret, il faut appliquer le gros bon sens. Laissez-moi vous raconter une petite histoire vĂ©ridique derriĂšre l’une de nos rĂ©centes transactions. Une histoire qui se dĂ©roule sur trois ans.

Il y a plus d’un an, mon associĂ© Philippe prend rendez-vous avec la directrice d’une sociĂ©tĂ© de dĂ©veloppement d’un centre-ville. L’objectif de notre rencontre est de connaĂźtre les projets envisagĂ©s par la ville et par cette sociĂ©tĂ© pour un secteur bien prĂ©cis de la ville. Secteur oĂč nous possĂ©dions dĂ©jĂ  un autre immeuble semi-commercial.

Lors de cette rencontre d’environ 45 minutes, durant laquelle nous avons discutĂ© de tout et de rien, la directrice nous souligne qu’un locataire institutionnel sĂ©rieux se cherche un local au centre-ville. En fait, le locataire a trouvĂ© le local idĂ©al, mais les propriĂ©taires de l’Ă©difice refusent de leur louer.

Deux ans plus tĂŽt, j’avais analysĂ© cet immeuble dans mon fichier Excel. J’avais conclu que le prix demandĂ© Ă©tait beaucoup trop Ă©levĂ© et j’avais classĂ© le dossier sans faire de proposition d’achat. Heureusement, j’avais gardĂ© mes archives. L’immeuble avait depuis Ă©tĂ© retirĂ© du marchĂ© Ă  la suite d’une transaction d’achat avortĂ©e. 

L’immeuble n’est donc plus Ă  vendre. Les locaux commerciaux se sont Ă©galement vidĂ©s  de leurs locataires depuis ce temps. En sortant de notre rencontre, nous avons marchĂ© droit vers cet immeuble, notĂ© le numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone sur les pancartes « Ă€ louer » et contactĂ© les propriĂ©taires pour savoir s’ils seraient intĂ©ressĂ©s Ă  vendre leur propriĂ©tĂ©.

Trois mois plus tard, aprĂšs deux propositions d’achat avec les vendeurs, nous Ă©tions propriĂ©taires de l’Ă©difice et avions conclu un bail avec le locataire institutionnel d’excellente qualitĂ©.

Les deals, il n’y en a pas qu’ils disent ! Notre prix d’achat Ă©tait de 50 000 $ plus bas que la valeur agréée au moment de la transaction. Deux jours aprĂšs notre achat, la valeur de l’immeuble avait augmentĂ© de prĂšs de 200 000 $, aprĂšs avoir signĂ© le bail commercial.  La banque nous a octroyĂ© un refinancement moins de deux mois aprĂšs l’achat Ă  hauteur de 70 % de la nouvelle valeur. Le montant du prĂȘt obtenu a Ă©tĂ© mĂȘme plus Ă©levĂ© que notre prix d’achat ! Nous avons ainsi pu rembourser les prĂȘteurs privĂ©s qui avaient avancĂ© tous les fonds requis pour acquĂ©rir l’immeuble sans prĂȘt bancaire.

Quelqu’un m’a rĂ©cemment dit concernant cette transaction : « Steve, vous avez Ă©tĂ© chanceux ».  Cette chance, nous l’avons créée mes associĂ©s et moi. Les chiffres de l’immeuble ne fonctionnaient pas du tout, il n’Ă©tait pas Ă  vendre, et ce n’Ă©tait pas Ă©crit dans le ciel que le locataire institutionnel voulait ce local. Ce sont une sĂ©rie d’actions sur trois ans, des rencontres en personne avec des responsables de la ville, du dĂ©veloppement Ă©conomique et un partenaire potentiel lors d’une formation immobilier qui ont rendu le tout possible. De la chance ? Non. 

Trouver des deals
Il faut créer vos deals

Pour moi, les deals sont rarement apparents. Il faut les crĂ©er. Il faut voir le potentiel, puis exĂ©cuter une stratĂ©gie pour que l’achat se transforme en deal.

Quelque temps plus tard, nous sommes allĂ©s rencontrer un responsable d’une corporation de dĂ©veloppement Ă©conomique, mais au niveau rĂ©gional. Le responsable nous a accueillis Ă  bras ouverts en disant que c’est trĂšs rare de voir des propriĂ©taires immobiliers venir les rencontrer pour discuter de projets immobiliers et de dĂ©veloppement Ă©conomique. L’avez-vous dĂ©jĂ  fait ? Pourquoi pas ? C’est toujours surprenant ce qu’on apprend « par la bande » quand on jase avec des voisins, des Ă©lus ou autres experts locaux.

Connaissez-vous les gens trĂšs impliquĂ©s dans votre secteur de recherche ? Un exemple, les Ă©valuateurs agréés. Ces gens sont des mines d’information sur toutes les transactions du secteur. Pas juste sur les chiffres, ils connaissent souvent toutes les histoires derriĂšre les transactions passĂ©es ou Ă  venir.

Un autre cas auquel je fais face souvent : dans mon secteur de recherche, un courtier immobilier est assez actif dans les plex et multilogements. TrĂšs souvent, quand je l’appelle, le jour mĂȘme qu’un immeuble apparaĂźt sur Centris, il me dit qu’il y a dĂ©jĂ  une proposition d’achat d’acceptĂ©e. Il envoie le deal Ă  un petit groupe d’acheteurs avant mĂȘme que ça apparaisse sur Centris. Il faut dĂ©velopper une relation personnelle avec ce genre de professionnel de l’immobilier, pas juste via courriel. Invitez-le donc au restaurant !

En dernier lieu, quelque chose que tous les experts nous rĂ©pĂštent sans cesse, mais que les dĂ©butants ne font pas : il faut devenir maĂźtre d’un secteur donnĂ© et le maĂźtriser Ă  fond. Vous serez Ă  mĂȘme d’identifier les opportunitĂ©s, mĂȘme quand les chiffres sur papier ne fonctionnent pas. Par exemple, avec des logements louĂ©s bien en dessous du prix du marchĂ©, impossible que votre fichier Excel vous emballe. Mais en connaissant bien votre secteur, vous pourrez savoir qu’il y a une rĂ©elle possibilitĂ© d’optimiser les revenus et d’augmenter la valeur dans un but de refinancer Ă  court ou moyen terme.

Allez, sortez de derriĂšre vos Ă©crans et allez sur le terrain !

J'ai originalement Ă©crit cet article pour la revue Les Mordus d'Immobilier. 

Commentaires

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...